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Qui sont les
enfants des rues

À Antsirabe, les enfants des rues vivent dans des conditions précaires, sans accès régulier à la nourriture, à l’éducation ou aux soins. Leur présence résulte souvent de la pauvreté, de la désintégration familiale ou d’expériences traumatiques. Exposés à la violence, à la maladie et à la faim, ces enfants luttent pour survivre dans un environnement hostile à leur développement.

Une population oubliée

Les enfants des rues sont souvent invisibles aux yeux de la société, marginalisés et considérés comme des « oubliés ». Leur situation découle de lacunes dans le système de protection de l’enfance.

Des chiffres alarmants

Il y a entre 200 000 et 300 000 enfants des rues à Madagascar. Ces statistiques révèlent un problème profond, mais ces chiffres ne reflètent pas les histoires individuelles poignantes derrière chaque enfant.

Leur quotidien

Les enfants des rues font face à des dangers quotidiens : la faim, les maladies et la violence. 

Les enfants dorment dans des lieux insalubres : trottoirs, ponts ou bâtiments abandonnés. L’accès à l’eau potable et aux soins est quasi inexistant, les exposant à des risques de santé majeurs.

En rupture familiale

Les enfants fuient souvent leur foyer suite à des traumatismes familiaux : abandon, violence ou négligence. La rue devient alors, pour eux, une alternative désespérée pour se protéger physiquement et émotionnellement.

Les violences de la rue

En plus des conditions de vie difficiles, la rue est un espace violent où les enfants subissent aussi bien des agressions physiques que psychologiques, et sont stigmatisés par la société.

Les différentes situations

Il existe trois grandes catégories d’enfants des rues :

  • Enfants de la rue : vivent et dorment dehors, en rupture familiale.
  • Enfants à la rue : en situation transitoire, fuyant temporairement leur foyer.
  • Enfants dans la rue : travaillent ou mendient dans la rue mais rentrent chez eux le soir.

Perception par la société

La société malgache oscille entre compassion et méfiance vis-à-vis des enfants des rues. Certains les perçoivent comme des victimes, tandis que d’autres les considèrent comme des délinquants ou perturbateurs.

L’école : une clé pour l’avenir ?

L’accès à l’éducation est limité pour les enfants des rues, qui doivent souvent travailler pour se nourrir. Un retour à l’école est possible, mais doit se faire progressivement pour ne pas aggraver leur désocialisation.

Les « enfants fantômes »

Ces enfants n’ont jamais été enregistrés à l’état civil, ce qui les prive d’accès aux services de base comme l’éducation et la santé. Invisibles aux yeux de la loi, ils sont particulièrement vulnérables.

FOCUS

Le processus de désocialisation

Ces informations, basées sur l’expérience du Samusocial International et de notre équipe éducative locale, mettent en lumière le processus de désocialisation des enfants des rues, qui perdent leurs repères sociaux ordinaires. Ce phénomène modifie leur rapport au temps, à l’espace, aux autres et à eux-mêmes, impactant leur vie et leur avenir.

La désocialisation des enfants des rues est un phénomène complexe qui nécessite des interventions adaptées. Comprendre ces dynamiques est essentiel pour aider ces jeunes à retrouver des repères et reconstruire leur vie loin de la rue.

Modification du rapport au temps

La vie dans la rue perturbe profondément les rythmes biologiques des enfants. Leurs cycles de veille et de sommeil deviennent irréguliers, et leurs habitudes alimentaires se dégradent, rendant le temps indéfini et désorganisé.

Modification du rapport à l'espace

Les enfants se regroupent autour de territoires stratégiques, souvent près de marchés et de lieux de passage. Cette dynamique entraîne un enfermement physique et psychologique, renforçant leur incapacité à quitter ces zones.

Modification du rapport à autrui

Les groupes se forment souvent par nécessité, sans véritable cohésion. Un leader, généralement le plus fort, offre protection et identité en échange de loyauté, mais cette dépendance peut mener à l’exploitation. Ce leader devient un repère sécuritaire, mais sa position entraîne souvent une manipulation émotionnelle, semblable à une logique sectaire.

Modification du rapport au corps

La négligence et l’absence de soins médicaux illustrent une perte de repères. Beaucoup d’enfants développent une insensibilité à la douleur, exacerbée par l’usage d’alcool ou de drogues. Les interventions des équipes mobiles d’aide, appelées « bobologie », jouent un rôle crucial pour rétablir leur dignité et leur estime de soi.